La légende des cinq collines.

Il était une fois, hors du temps, le pays merveilleux des 5 collines dominant la Vallée dorée. Un animal fantastique, un bon génie, veillait au bien-être des populations.
Avant l’écriture, la tradition orale nous a transmis de génération en génération, de veillée en veillée, le message du génie bienfaiteur proche des hommes, des femmes et des enfants.
La mémoire s’estompe avec le temps. L’histoire devient légende, la réalité devient rêve, l’animal se métamorphose pour symboliser l’éternel bohémien.

Le lion, symbole de liberté, de courage et d’indépendance, rappelle l’histoire de ce peuple. On retrouve ce bel animal sur les armoiries du Vicomte d’Alzon. Attachés à leur autonomie, les Pougétois ont construit la circulade sur un petit pioch et se sont installés à l’intérieur, afin de se protéger contre les barbares. Par la suite, ils devaient se révolter contre les seigneurs pour obtenir Terres, Franchises et Liberté.
Le regard clair et lumineux est le signe de la sincérité et de l’esprit de solidarité.
Le sourire accompagné de quelques rugissements ou « bramades » exprime la joie de vivre qui se traduit par l’amour de la fête. La crinière, avec ses longues tresses frisées, rappelle l’eau qui s’écoule, symbole de la vie. Elle apporte fraîcheur et richesse et nous montre la sueur et le travail des femmes et des hommes de ce terroir.

En l’honneur du bon génie de l’eau, les Pougétois ont élevé sur la place du village un magnifique griffe en belles pierres. Ils ont sculpté dans la roche la gueule du Lion d’où s’échappe avec vivacité l’eau précieuse.
Cette eau est captée, au pied des collines, depuis la fon de patari en passant par la fontaîne fraîche et la gorgue. Plus tard, l’éolienne installée au bord de l’hérault, aménera l’eau potable dans chaque foyer.
Le corps très long de l’animal à l’image des cinq collines, symbole du temps , des générations qui se succèdent , nous indique notre appartenance à la chaîne de l’humanité dont nous sommes un maillon fragile et pourtant indispensable.
Le dolmen, la tour de Pater Noster, Saint Amans de Teulet et le village disparu, le bourguet dans sa circulade sont les témoignages d’époques et de civilisations différentes. La couleur fauve de l’animal, les sarments de vigne, les feuilles et les raisins sont le symbole de la Terra maïrala , la terre nourricière chère à nos félibres « que dis que soun païs es toujour le plus bel ». Depuis les berges de l’hérault, de terrasses en terrasses, à l’assaut des collines, les ceps de vignes se sont multipliés.

Le vicomte d’Alzon, ramenant un greffon de la treille du roi « a fach d’aquel païs lou brès dau chasselas ». Les vignerons élaborent avec amour et passion des vins de qualité.
Les collines boisées offrent un cadre de vie exceptionnel et un environnement de grande qualité. Le site protégé est remarquable et permet de découvrir la vallée dorée aux couleurs rythmées par les saisons.

L’animal fantastique se déplace à grands bruits « sécré coum’un cascâvel » (discret comme un grelot), sautant, dansant en enivrantes farandoles . Symbole de la fête, les grelots qu’il porte sont là pour chasser le malin, les mauvais esprits, les grincheux, les « reboussiers ». Ils apportent la joie de vivre à un peuple de « festechaïres ». Moment de désordre et de débordement ou moqueries et plaisanteries sont de mises. La fête est, dans l’explosion de joie, la fusion de tous dans une immense fraternité. C’est la recherche, au-delà des interdits, d’un renouveau éternel.
Le bon génie poursuit sa métamorphose. Vous l’avez reconnu car il est notre mémoire, notre trace, celle de nos aïeux. Il est un peu de nous-même, il est notre chair.
Oui, vous l’avez reconnu, cet animal fantastique symbolise l’éternel Bohémien, c’est « Lou Boumian ».

Louis Villaret